Shine Shivan

Né en 1981 dans le Kerala

 

Shine Shivan photographié par Hervé Perdriolle
Pont Alexandre III, Paris, 2014

Après des études d'art à Agra et à New Delhi, Shine Shivan montre son travail au Khoj Studio, espace alternatif d'art contemporain à New Delhi. Son premier solo show, Sperm Weaver, a lieu en 2009 à la galerie Maskara de Mumbai. Deux formes s'y font face comme deux lingas dressés au centre du vaste espace post industriel de la galerie. Ces étranges lingas, semblable à une ogive coupée en deux et plantée dans le sol, ont été réalisés à l'aide de bouse de vache et de terre séchée. On a pu voir pour la première fois en France en 2011 une oeuvre de Shine Shivan dans l'exposition (M)other India à la galerie du jour agnès b. à Paris.

 

Le travail de Shine Shivan est multiforme, il utilise la sculpture, l'installation, la vidéo, la photo, la performance... Son style convoque aussi bien le ready made que l'art tribal. La série de dessins Glimpse of Thirst montré au YIA en 2013 par la galerie Hervé Perdriolle a été réalisée avec une épine de cactus, en guise de plume, et du poison (du venin de cobra), en guise d'encre. Le medium (la technique) est le médium qui permet à l'artiste de rentrer en contact avec son esprit.

 

Shine Shivan, Glimpse of thirst #13, 2012,
technique mixte 114x107x56cm
Collection privée, Grenoble

Shine explore la sexualité à travers le prisme, esthétique et existentiel, d'un sous-continent écartelé entre la libre expression des sculptures érotiques des temples de Khajurâho et la récurrente censure des moeurs, imposée dans la vie comme dans l'art, aux noms des religions. Le concept de gender est au centre de ses préoccupations. Les notions male et female dépassent la seule sexualité pour embrasser les mythes et les légendes. Dans son oeuvre, l'autobiographie et histoire de l'art se croisent imperceptiblement en d'incessant aller-retour.

 

Shine Shivan associe, imbrique, fusionne, l'expérience artistique et l'aventure humaine. Le médium est medium... Les matériaux, ici le charbon de bois et la mine de plomb, sont les alambiques dont se sert l'artiste dans sa quête existentielle. L'énigme se veut persistante. L'expérience est en cours. L'oeuvre de Shine Shivan ne se livre pas à nous pas plus qu'elle délivre l'artiste. Tout au plus elle nous invite à l'accompagner...

 

Shine Shivan a été nominé en 2013 pour le Skoda Prize, l'équivalent du prix Marcel Duchamp en Inde.