Mayank Kumar Shyam

Né en 1987 à Bhopal, vit et travaille à Bhopal

 

Mayank Kumar Shyam, Bhopal, 2011
Photo Hervé Perdriolle

Mayank Kumar Shyam est le fils du célèbre peintre Jangarh Singh Shyam (1960 - 2001). Mayank expose pour la première fois à Calcutta à l’âge de 19 ans. Né en 1987, Mayank est l’un des rares peintres Gond à s’affranchir d’une inspiration exclusivement liée à ses racines. Son art crée une passerelle entre tradition et innovation.

 

Ses oeuvres sur papier et sur toile expriment une vision personnelle. Les formes font appel à la géométrie. Nombre de ses papiers ont comme sujet des insectes. L’araignée y est omniprésente. Son corps symétrique déploie ses membres en une géométrie parfaite. Un effet de miroir que l’on retrouve dans les dessins de Mayank. L’aléatoire vient graphiquement et poétiquement perturber cet ordre apparent. Par exemple, le corps de l’araignée se voit prolongé d’une double queue de lézard. L’une partant vers le haut, l’autre, par un effet d’inversion, vers le bas, de la même manière que sont opposées les figures d’un jeu de cartes.

 

Mayank Kumar Shyam, 2011,
technique mixte sur papier 33x48 cm
Collection privée, Paris

On pense aux dessins de M. C. Escher qui, par un jeu subtil de perspectives contrariées met le regard en abîme. Les fonds, travaillés au rotring, sont constellés de hachures et de points. Ils évoquent l’air, l’eau, mais aussi l’indicible, le rêve, la nuit. Autre sujet récurrent dans cette oeuvre naissante, celui de l’arbre. Mayank associe l’arbre à la femme. Les arbres de Mayank ont des seins, un sexe, un sexe féminin au dessin semblable à la fourche de deux branches naissantes. Le banian de l’Inde est une espèce voisine du figuier. Il peut se développer en arbre géant dont les racines s’élancent dans les airs. On les retrouve dans les dessins de Mayank. Leurs terminaisons arrondies ont quelque chose de sexuel. Gouttes de lait ou de sperme, elles restent suspendues dans l’espace comme les tubes alourdis d’épices d’Ernesto Neto.

 

L’oeuvre de Mayank fait partie des plus prometteuses. Elle souligne à quel point, pour ces artistes naissants, aux cultures si différentes de celles qui régissent le monde de l’art contemporain, la perspicacité complice de nos regards extérieurs est indispensable. Notre attention doit accompagner l’accomplissement d’une oeuvre comme le sienne, qui prend ses distances avec l’attente, encore trop souvent présente, de manifestations exclusivement folkloriques.